Deux grandes expositions à l'affiche à Beijing
  2010-04-15 09:45:57  cri

Point de mire met le coup de projecteur sur les deux grandes expositions actuellement à l'affiche du Musée de la Capitale, à Beijing. L'une est consacrée à la vie de Matteo Ricci, missionnaire italien, venu en Chine pour diffuser la culture occidentale, il y a de cela plus de 400 ans. La seconde exposition s'intéresse à l'exportation des porcelaines chinoises en Europe qui commence dès le 18ème siècle.

Les deux expositions qui sont l'une comme l'autre chargées d'histoire et de culture, nous permettent d'avoir un regard bien plus concret et plus précis sur les grands échanges entrepris entre les deux civilisations, chinoise et occidentale, depuis des centaines d'années.

A la fin du 16ème siècle, le missionnaire italien Matteo Ricci s'est rendu en Chine. A cette époque, l'Europe était prospère que ce soit au niveau de la production industrielle qu'artistique, grâce à la première révolution scientifique et technique, ainsi qu'au mouvement de la Renaissance.

A cette même période de l'histoire, c'est la dynastie des Ming qui règne en Chine, avec l'empereur Wangli. En dépit des milliers et des milliers de kilomètres qu'il a dû parcourir, Matteo Ricci a apporté un grand nombre d'objets qui illustrent les progrès techniques en l'Europe ; entres autres : prisme, cadran solaire et horloge à sonnerie.

Ricci voulait en plus propager les connaissances mathématiques, astronomiques et géographiques. Son action a ouvert de nouveaux horizons aux dignitaires, aux fonctionnaires et autres intellectuels qu'il a rencontré et leur a permis d'engranger des connaissances à la fois scientifiques, techniques et artistiques provenant d'Europe. D'après des documents historiques, Matteo Ricci fut le premier européen à présenter des réalisations scientifiques, techniques et artistiques occidentaux aux chinois et en Chine.

L'année 2010 marque le 400ème anniversaire du décès de Matteo Ricci et le 40ème anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Chine et l'Italie. C'est également, l'année de la Chine en Italie. De ce fait, l'exposition portant sur la vie de Matteo Ricci, est conjointement organisée par la Chine et l'Italie.

Lors de l'inauguration de l'exposition, Zhang Bai, vice ministre de l'Administration d'Etat du Patrimoine culturel a déclaré ce qui suit :  « En se rendant en Chine, Matteo Ricci nous fait connaître les dernières avancées scientifiques, techniques et artistiques de l'Europe. Provoquant ainsi une vague d'engouement pour l'Occident au sein des dignitaires et des lettrés chinois ».

Zhang Bai a également souligné qu'en tant que missionnaire et il y a de cela quatre cents ans, Mattéo Ricci est parvenu à construire un pont d'échanges entre les deux cultures, celle de la Chine et de l'Italie. L'exposition, qui se tient actuellement en sa mémoire, permet à ces deux cultures d'entreprendre un nouveau dialogue d'une importance historique.

En effet, la partie italienne prête à la présente exposition quelque 70 objets d'art qui comprennent entre outre des chefs d'œuvre de Raphaël, de Titian, des objets relatifs à l'architecture, des livres anciens et des ouvrages scientifiques et techniques qui sont les mieux placés pour illustrer les avancées et les mœurs en vigueur à l'époque de la Renaissance, allant du 14ème au 16ème.

Quant à la partie chinoise, elle présente une soixantaine d'objets, tous des chefs d'œuvre de la même période. Notamment, des vêtements et des accessoires, des peintures et des calligraphies, en passant par des statues bouddhistes, représentant le niveau artistique et culturel ainsi que le mode de vie de l'époque.

A ce propos, on écoute s'exprimer au micro de RCI, Yang Hong楊泓 chercheur de l'Institut de recherches archéologiques relevant de l'Académie des Sciences sociales de Chine :  « On voulait faire une comparaison entre l'orient et l'occident. Elle permet aux visiteurs de mieux savoir comment c'était à l'époque, et le rôle que Matteo Ricci a joué dans le mariage des deux civilisations. Il était bel et bien un missionnaire, mais il mérite également le titre de messager culturel. »

Notre correspondant a croisé dans le hall d'exposition un jeune visiteur du nom de Song Dawei. Il a 14 ans. Il nous confie qu'il connaît Matteo Ricci grâce aux livres qu'il a lus. Song Dawei :  «Les objets que Matteo Ricci nous a apporté sont très intéressants. Je suis très surpris par le fait qu'ils parvenaient déjà à fabriquer ces objets dans les temps très anciens. Je crois qu'on se doit d'entreprendre des échanges, parce que ce sont les échanges qui permettent de se développer mutuellement ».

Maintenant, on écoute s'exprimer au micro de RCI, Gian Mario Spacca, président de la Région Marche, en Italie :  « Je crois qu'il était tout à fait convaincu par le fait que plus les écarts sont grands entre deux pays et deux territoires, plus il est nécessaire de les pousser à coopérer et à multiplier les échanges ».

Gian Mario Spacca a aussi souligné qu'il nous fallait continuer à avancer dans les pas de Matteo Ricci. D'un coté, accepter que de grandes différences peuvent exister entre nous, et de l'autre, nous rendre sur le terrain, afin d'apporter les savoirs et les conceptions qui nous sont propres, dans le but d'entreprendre le dialogue et des échanges.

Intéressons-nous maintenant à l'exposition sur la porcelaine chinoise datant de la période des Qing, période allant de 1644 à 1911. La porcelaine est l'une des plus grandes inventions de la Chine antique. Quelque 200 porcelaines donnant un aperçu des produits exportés sont d'ailleurs exposées à cette occasion.

En tant qu'objet d'art, la porcelaine chinoise a joué un rôle incontournable dans les échanges économiques, artistiques et culturels entre la Chine et l'Occident. Rien qu'au 18ème, plus de 60 millions de pièces de porcelaines ont été exportées en Europe. On écoute s'exprimer au micro de RCI : Yao An, conservatrice adjointe du Musée de la Capitale : « A la fin de la dynastie des Ming, le missionnaire est arrivé en Chine. Il apporta avec lui la culture et la civilisation occidentales. En contrepartie, nous, les chinois, que pouvions-nous leur montrer ? L'exposition qui est consacrée aux exportations de la porcelaine chinoise en Europe a été réalisée pour répondre à cette question. »

Comment cela se passait-il en Chine à l'époque où l'exportation de porcelaines battait son plein ? Sur les quais, à l'époque dès qu'on apercevait un bateau à voiles, les gens avaient l'habitude de dire que les porcelaines chinoises allaient en être débarquées. En effet, les porcelaines chinoises étaient très prisées en Europe et faisaient l'objet de collection tant pour la cour royale que pour les aristocrates.

Les produits destinés à l'exportation étaient fabriqués de sorte qu'ils répondent au goût des occidentaux. Pour cause, leurs couleurs étaient très vivaces et leurs formes différentes de celles qui se vendaient dans leur pays origine.

En général, sur les porcelaines étaient peintes des fleurs, des oiseaux, des cours d'eaux et des montagnes, des personnages et des scènes illustrant les us et coutumes, tous dans des couleurs rappelant la Chine, et auxquels s'intéressaient les occidentaux.

Des porcelaines étaient aussi peintes à l'occidental. A l'époque, on exportait aussi des produits semi fini. Une fois, qu'ils parvenaient à leur destination, ils étaient colorés et cuits selon les goûts locaux. De ce fait, les porcelaines qui sont exportées, par le passé, sont les mieux placées pour illustrer le mariage réussi entre l'art chinois et européen.

On écoute s'exprimer au micro de RCI, Hu Yanxi, célèbre expert de la porcelaine chinoise. Il a notamment écrit des livres sur les porcelaines exportés sous le règne des Qing. Des porcelaines qui ont beaucoup influencé l'art occidental :  « Avant 1710, la porcelaine chinoise était quelque chose de très précieux en Europe. Du fait qu'à l'époque, on ne savait pas encore faire cuire les porcelaines. Au début, on exportait, en Europe, des produits tous faits. Et petit à petit, leurs admirateurs se sont intéressés à la vie au quotidien des Chinois. Comment vivent les Chinois ? On aimerait bien en savoir davantage. ».

En effet, alors, la photographie n'avait pas encore été inventée. Tout ce qu'on pouvait faire, c'était de reproduire sur les porcelaines destinées à l'exportation des scènes de vie des chinois.

Hu Yanxi ajouta également que les dessins, bien que simples, étaient très appréciés des Européens. Par ailleurs, pour ces derniers, les produits exportés constituaient une sorte de support de diffusion de la culture traditionnelle chinoise. « L'ensemble de la haute société européenne était alors séduite par la culture traditionnelle chinoise », insiste Hu Yanxi.

Après le Musée de la Capitale à Beijing, l'exposition portant sur la vie du missionnaire italien Matteo Ricci, prendra d'abord la route de Shanghai, puis de Nanjing dès la fin du mois de mars. Quant à l'exposition consacrée aux « Porcelaines chinoises exportées sous le règne des Qing », elle durera jusqu'au mois de mai.

Après avoir parcouru ces deux expositions, on est une fois de plus convaincu par le fait que les échanges ont depuis toujours énormément contribué au développement du monde.

(Yannine)

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