Le submersible chinois « Jiaolong » à la reconquête de la fosse des Mariannes
  2016-11-30 10:35:16  cri

Le 13 juillet, le submersible habité chinois « Jiaolong » est rentré triomphant de ses missions de 2016 dans son port d'attache à Qingdao. Il a effectué 22 plongées réussies dans la partie nord-ouest de l'océan Pacifique, ayant parcouru 11 837 milles marins en 94 jours.

Tandis que le submersible accostait le port, l'océanaute Tang Jialing a reçu des bouquets de fleurs des mains de ses collègues, qui affichaient un grand sourire, comme d'habitude. Mais ce que beaucoup de gens ignorent, c'est qu'à la veille du départ en mer, son fils avait à peine deux mois. Au terme de ces trois mois de séparation avec sa famille, il fait cette confidence :

"Maintenant que je suis rentré, ce que j'ai le plus envie de faire, c'est de rester auprès de mon enfant et de ma femme à la maison. Quand j'étais en mer, je communiquais avec ma famille avec un logiciel spécial, un peu comme des SMS. Mais impossible d'envoyer des photos avec. Donc, pour savoir comment allait mon enfant, comment il se développait, en grande partie, c'est ma femme qui me le décrivait."

A partir du 12 avril, le submersible Jiaolong a accompli 22 plongées dans la zone d'encroûtement cobaltifère du guyot de Weijia, dans la fosse de Yap et dans la fosse des Mariannes, toutes situées dans la partie nord-ouest de l'océan Pacifique. Il a atteint à cinq reprises une profondeur de 6 500 mètres. On écoute le commandant général de cette mission, Wu Changbin.

"Nous avons effectué des poses et des récupérations du submersible à un point fixe à grande profondeur. Ces opérations ont permis de mettre en valeur les performances techniques particulières du Jiaolong. Elles ont créé un précédent dans l'exploration scientifique des abysses que déploie la Chine. Nous avons ainsi saisi ces opportunités."

Cette expédition du submersible Jiaolong a été fructueuse avec un taux d'échec le plus bas pour les opérations à grande profondeur, la plongée à une profondeur maximale de 6 796 mètres, le recueil de données de première main dès la première exploration des abysses, la première découverte d'un volcan de boue avec la collecte des échantillons géologiques. On écoute le directeur de l'équipe scientifique, Peng Xiaotong.

"Nous avons collecté de nombreux échantillons de roches, de dépôts et d'organismes dans les fonds marins, ainsi que de l'eau de mer à une grande profondeur que l'on maintient sous sa pression originelle. Tout cela constitue de précieuses données pour étudier par la suite l'origine des abysses et leur évolution, ainsi que la géologie des parties situées en profondeur des zones de subduction."

La fosse des Mariannes est la fosse la plus profonde connue au monde. En 2012 déjà, les océanautes chinois y ont laissé leurs traces, en atteignant une profondeur record dans l'histoire des opérations scientifiques en submersible habité, en atteignant 7 062 mètres. Cette fois ils sont retournés dans cette partie du nord-ouest de l'océan Pacifique pour des opérations de plus de 6 000 mètres. On écoute l'océanaute Fu Wentao.

"Cette fois c'est très différent par rapport à 2012. Notre objectif était notamment d'atteindre cette profondeur pour tester les diverses capacités techniques du « Jiaolong ». Cette année, nous sommes descendus dans la même profondeur, mais avec un objectif opérationnel qui englobe des explorations biologique et géologique."

Depuis toujours, les abysses éveillent la curiosité de l'Homme qui rêve de les sonder. Mais les fosses océaniques demeurent jusqu'à présent des régions souvent difficilement approchables et peu connues. Elles sont présentes dans les zones de subduction entre des plaques continentale et océanique. Avec une profondeur allant de 6000 à 11000 mètres, elles représentent les zones les plus profondes sous-marines de la planète. Écoutons le commandant adjoint de cette navigation Yang Yaomin :

"La plus grande profondeur que nous avons atteinte lors de cette expédition était de 6 796 m. A cette profondeur, nous avons pu recueillir d'excellents échantillons biologiques et rocheux. Ici, c'est unique et très vaste. Nous pourrons déployer des recherches plus approfondies sur les fosses abyssales."

En plus des océanautes expérimentés, six novices ont rejoint cette expédition. Zhao Shengya a eu la chance de goûter la joie du chef pilote, sous les auspices des plus chevronnés, pour conduire l'engin sous-marin à la découverte des abysses. On l'écoute.

"Contrairement à ce qu'on imaginait, les fonds marins ne sont pas pleins de vie. Il y a quelques animaux géants, mais pas beaucoup, partout des sédiments et des écailles calcaires. Le plus grand challenge que j'ai eu dans la fosse abyssale, c'était de grimper sur les pentes. Comme les pentes sont abruptes, il m'a fallu bien maintenir l'équilibre du submersible, ce qui représente une rude épreuve pour les pilotes. Quand on rencontrait des échantillons intéressants los de la remontée en surface, je devais contrôler le bras manipulateur pour les attraper."