L'encens tibétain, à l'époque d'Internet
  2017-08-31 13:57:10  cri

Dawa Phuntsog est le chef du village Jiading près de Nyingchi au Tibet. Il est aussi directeur de la Coopérative de l'exploitation d'industries pour les paysans et bergers de la région de Kongpo:

« Nous avons une tradition de fabrication de l'encens tibétain. De plus, on fabrique d'autres produits dérivés. Par exemple, je compte produire des masques à base d'encens tibétain et des médicaments pour les bains de pieds. Cela ne rapporte pas beaucoup, mais l'important pour le moment est de faire connaître l'encens tibétain. Plus il sera réputé dans le monde, plus on pourra exporter de produits. »

Dawa Phuntsog, ce paysan tibétain de nature simple ne cache pas ses aspirations pour l'avenir. En juin 2012, 11 paysans du village Jiading ont collecté des fonds et fondé une coopérative avec l'aide du gouvernement, grâce à cela, trois foyers ont réussi à sortir de la pauvreté. Entre juin et décembre 2016, le montant de la vente d'encens tibétain s'est élevé à plus de 200 000 yuans, soit 25 200 euros.

Dotée en abondance de plantes médicales tibétaines, la région de Nyingchi dispose de nombreux avantages pour industrialiser la production de l'encens tibétain. Le grand-père de Dawa Phuntsog est un expert dans la fabrication de l'encens tibétain, il s'agit d'un savoir-faire transmis de génération en génération dans la famille de Dawa. Comme s'il nous présentait un trésor de famille, Dawa nous présente ses outils qu'il utilise pour fabriquer l'encens tibétain :

 « Celui-ci sert à tasser l'encens. Ce couteau sert à couper l'encens, sa composition en corne de yak est parfaite pour couper l'encens. Et cela sert à moudre les plantes médicales. »

Pour mieux développer la coopérative, Dawa Phuntsog se rend à Canton et au Fujian pour apprendre les techniques modernes et le maniement des machines pour la fabrication de l'encens :

« En fait, l'encens fabriqué par une machine est meilleur que celui fait à la main, les conditions d'hygiène sont différentes. Lorsqu'on le fabrique à la main, on tasse l'encens du matin jusqu'au soir, quand on est fatigué, il est inévitable que l'on essuie sa sueur ou que l'on prenne des objets, sur les mains il y a beaucoup de microbes. Alors qu'avec les machines, les microbes ne poseraient pas de problèmes. Et de plus, des dizaines d'encens sont produits en une seule fois et la densité de chaque encens est identique. Mais si le client demande une fabrication artisanale, on le fait donc à la main. »

L'encens de Kongpo prend sa source dans les ordonnances des classiques de la médecine tibétaine et est fabriqué à l'aide d'une trentaine d'herbes médicinales tibétaines et des plantes naturelles de Nyingchi. Dawa Phuntsog est confiant dans la recette de l'encens tibétain :

« Le cyprès est le principal composant de l'encens, il y a en outre une trentaine de plantes médicinales, par exemple le lilas et la graine d'Alpinia. On transforme ces plantes en poudre en y ajoutant un peu d'eau. L'encens sert à un usage quotidien, il aide à apaiser l'esprit et à renforcer la résistance à la maladie, ce sont les principaux effets de l'encens tibétain. »

Selon Dawa Phuntsog, au Tibet il est interdit de couper le cyprès, mais chaque année on réalise régulièrement des projets d'aménagement des arbres, les artisans de l'encens recyclent donc les branches coupées en tant que matière première de l'encens. Avec son intelligence et ses efforts inlassables, Dawa mène à bien les affaires de la coopérative, les encens se multiplient, Dawa commence également à fabriquer et à vendre des sacs pour l'encens.

L'encens de Kongpo est principalement vendu en boutiques et en magasins. Pour acquérir plus de ventes, Dawa a élargi les canaux de vente, il a embauché des professionnels pour créer un site internet, aujourd'hui, il vend aussi sur Taobao (le eBay chinois) et sur Wechat.

« J'ai ouvert une boutique sur Taobao et enregistré une boutique sur Wechat, l'objectif est de vendre à travers tout le pays grâce au e-commerce. Mes collègues et moi postons des photos et des vidéos sur Internet en espérant de populariser notre encens via les plates-formes modernes. »

Grâce à Internet, l'encens de Kongpo se jouit d'une grande réputation et attire les médias. Les touristes viennent spécialement acheter de l'encens.

L'encens de Kongpo est en vogue, les agences de voyage visent ces opportunités de commerce. Selon Dawa, beaucoup de compagnies de voyage souhaitent coopérer avec lui en promettant d'accroître la vente de son encens, mais à condition d'augmenter le prix pour qu'ils puissent prélever un pourcentage sur les bénéfices. Dawa Phuntsog a refusé ces propositions des agences de voyage :

« Si l'on prend uniquement l'argent en considération, cela est une bonne chose pour moi. Mais j'ai ma propre marque, même si je gagne un peu moins, il faut bien former la marque. J'ai ma propre recette d'encens, je connais aussi le prix de revient, le prix qu'ils demandent est à moitié plus haut que le prix de revient, si les clients savent que le produit ne mérite pas un tel prix, cela va détruire ma marque, et je serais plein de remords. L'encens ne vaut pas une telle somme, je n'ai pas envie de le vendre à un prix plus élevé. »

A l'aide d'Internet, Dawa Phuntsog élargit ses canaux de vente pour l'encens tibétain ; et c'est la célébrité qui conduira Dawa plus loin encore sur la route de l'enrichissement.