Commentaire: Brexit : Avec un nouveau délai supplémentaire de six mois, y aurait-il un accord miracle ?

RCI 2019-04-15 22:53:41
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L’impasse britannique sur le Brexit reste difficile à résoudre. C’est une équation à plusieurs inconnues à laquelle fait face actuellement l’exécutif britannique, avec à sa tête la Première ministre Theresa May. Ça chuchote dans les couloirs du Parlement britannique, des sources font état d’un « très probable» recours à un deuxième référendum sur le Brexit.

Pour le pro-deuxième référendum, ils justifient la raison d’une deuxième consultation populaire par le fait que les Britanniques étaient allés voter lors du premier référendum sans suffisamment maîtriser tous les contours du Brexit. Pour eux, les difficultés rencontrées lors de ce long et épineux parcours du Brexit auront profondément renforcé la compréhension du peuple britannique sur le divorce avec l’Union européenne (UE). D’où, pour eux, le deuxième référendum sera une occasion pour le peuple de faire des choix judicieux et rationnels sur l’avenir de leur pays.

Mais dans tout cela, une question demeure: est-ce toujours de la "démocratie" dont l’Occident est fier ? Si quelqu'un n'est pas d'accord avec le résultat du deuxième référendum et demande un autre référendum, que devrait-on faire? C'est la raison pour laquelle la Première ministre britannique Teresa May est fermement opposée au deuxième référendum.

Selon le calendrier initial du Brexit, le Royaume-Uni devrait officiellement rompre avec l'UE depuis le 29 mars dernier. Mais, l’accord conclu entre les deux parties en novembre dernier ayant été rejeté sans ménagement par la Chambre des communes, le gouvernement britannique n’avait pas d’autre choix que de solliciter une rallonge afin d’éviter une sortie sans accord.

C’est à la suite de cette prolongation voulue par le Royaume-Uni que son partenaire l’UE a convoqué la semaine dernière un sommet d'urgence à Bruxelles, au cours duquel les parties ont finalement trouvé un compromis sur les nouvelles conditions du Brexit. Ainsi, ce terrain d’entente permet au Royaume-Uni de mettre en œuvre " un report flexible du Brexit ", c'est-à-dire l'extension du Brexit de six mois allant jusqu'au 31 octobre 2019. Pendant ce temps, le Royaume-Uni continuera de jouir de tous ses droits et obligations en tant que membre à part entière de l’UE.

Cette extension de six mois, qui sonne comme un ouf de soulagement, permettra au gouvernement de Teresa May de marquer un temps de répit. Question de rectifier les tirs et convaincre les plus sceptiques. Même si pour l’heure, les voix ne semblent pas s’accorder dans son gouvernement et voire dans le Parti conservateur, formation politique dont Mme May est membre. Depuis que le Parlement britannique a, à trois reprises, opposé son veto à l'accord de Brexit, May a complètement perdu le contrôle du Parti conservateur.

Désespéré, le gouvernement May s'est tourné vers le Parti travailliste, parti de l'opposition, cherchant à composer avec lui pour sortir le pays de l'impasse du Brexit. Assurément, l’entente entre ces deux partis ne se fera pas sans difficulté, dans la mesure où ils ont des visions diamétralement opposées sur le Brexit. Le Parti travailliste est pour un "Brexit doux", qui consiste à entretenir des relations relativement étroites avec l'UE par le biais d'un marché unique et d'une union douanière. Tandis que le Parti conservateur préconise un "Brexit dur". Les négociations entre les deux partis avancent donc en dents de scie. David Lidington, ministre d'État au Bureau du Cabinet britannique, a récemment déclaré que leurs négociations se poursuivaient, dans l’espoir de parvenir à un accord sur une série de choix et de fournir une option privilégiée au Parlement au lieu de voter contre tout.

Alors, la Grande-Bretagne pourra-t-elle achever le Brexit dans les limites du délai de six mois ? Difficile de le prévoir. Toujours est-il que les perspectives de négociations entre le gouvernement britannique et le Parti travailliste restent imprévisibles. Le Parlement britannique ayant déjà voté contre un Brexit sans accord, la question est de savoir: où irait le Royaume-Uni au cas où les négociations accoucheraient d’une souris?

L’UE qui s’inquiète également de cette situation, se plaignent du temps et des dépenses d’énergies dans cette affaire. D’après les médias britanniques, les dirigeants de l’UE "se concentrent plutôt sur leur propre avenir que sur des discussions internes pour un pays qui tente de les quitter". Les prochaines élections européennes auront lieu du 23 au 26 mai 2019. Si le Brexit ou les façons de sortir de l’UE n’était pas déterminé avant ces dates, le Royaume-Uni devrait, en théorie, participer aux élections des représentants au Parlement européen.

M. Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, prendra sa retraite en novembre prochain, et M. Donald Tusk, président du Conseil européen, quittera son poste en décembre prochain. A cette occasion, de nouveaux candidats seront nommés par les dirigeants de l'UE et approuvés plus tard par le Parlement européen. Dans le même temps, l'UE devra décider le volume financier de 2021 à 2027. Toujours selon les médias britanniques, l'UE ne veut pas être gênée par le Royaume-Uni à l'avenir. Certains représentants de l'UE craignent même que "des représentants britanniques insatisfaits puissent empêcher, au Parlement européen, l'UE de progresser sur une série de questions importantes".

Il est à noter que Donald Tusk, a crié aux "amis britanniques" après avoir annoncé le nouveau calendrier du Brexit: " Ne perdez pas ce temps, s'il vous plaît !" Les "amis britanniques" ont répondu que le Parlement britannique s’est ajourné à partir du 11 avril pour deux semaines et que les parlementaires étaient rentrés chez eux pour fêter Pâques.

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