Désaccord entre les deux rives de l’Atlantique : le fossé se creuse davantage

RCI 2020-07-02 21:54:38
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Entre l’Europe et les Etats-Unis, c’est le froid diplomatique. Les divergences sont de plus en plus apparentes. Selon le haut représentant de l’Union européenne pour la diplomatie et la politique sécuritaire Josep Borrell Fontelles, l’Europe devrait être consciente que ses relations avec les Etats-Unis ne seraient plus comme avant, même si Joe Biden remportait la présidentielle.

L’épidémie de coronavirus, brusquement apparue début 2020, a frappé l’économie mondiale de plein fouet, et la victime dans tout ça, le commerce international. D’après un récent rapport publié par l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), au premier trimestre, le volume commercial des articles au niveau mondial a connu une baisse de 3% en glissement annuel. Et la situation est loin de s’améliorer, car l’OMC prévoit encore une diminution de 18, 5% au deuxième trimestre. Les Etats-Unis branlent en l’occurrence le bâton douanier à l’Europe, une action qui intensifie la guerre commerciale entre les deux parties siamoises depuis des lustres. C’est aussi un dur porté à l’Europe durement touchée par le COVID-19. La semaine dernière, sous prétexte des différends sur les subventions d’Airbus bloqués depuis 16 ans, les Etats-Unis ont déclaré imposer les taxes de douane sur les marchandises européennes dont la valeur s’élève à 3,1 milliards de dollars. Les Etats-Unis menacent aussi d’alterner tous les cinq mois les listes d’articles douaniers à l’égard de l’Europe. Objectif, renforcer les pressions douanières sur l’UE. Pour cette nouvelle menace des Etats-Unis, l’UE a durci le ton, en disant que la proposition destructrice américaine va aggraver la situation déjà difficile à laquelle font face les deux économies, notamment en ce moment où l’état de santé financière des entreprises des deux parties n’est pas bon.

En plus du commerce, les coopérations militaires et diplomatiques entre les deux rives de l’Océan atlantique sont également sous le choc de l’unilatéralisme et du protectionnisme que prônent les Etats-Unis. A l’instar du retrait américain de l’accord sur le nucléaire iranien, le dossier nucléaire iranien constitue depuis toujours une grande préoccupation des pays européens, tandis que cette décision américaine a négligé des préoccupations essentielles de leurs alliés européens. De plus, sous prétexte du faible budget allemand de défense, le président américain Donald Trump annonçait en juin le retrait massif de la troupe américaine stationnée en Allemagne. Donald Trump a justifié cette décision par le refus des Etats-Unis d’assumer le rôle du gendarme du monde. Pour cela, divers milieux allemands ont fustigé la position américaine, disant que « ce n'est pas de cette manière qu'on traite celui que l'on considère comme partenaire ». La Chancelière allemande Angela Merkel a, de son côté, souligné que la garnison américaine en Allemagne n’avait pas pour but de protéger les alliés de l’Otan, mais de protéger leurs propres intérêts.

Les divergences entre l’Europe et les Etats-Unis reflètent la confrontation entre le multilatéralisme et l’unilatéralisme, cela évoque aussi un conflit d’intérêts. Cette contradiction qui s’avère davantage « structurelle » pousse l’Europe à chercher plus d’indépendance sur la scène internationale. D’après un récent reporatge du journal Berliner Zeitung, « L’Europe se prépare à la période post-Trump», le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian appelle le vieux continent à « explorer la troisième route » et à « préserver fermement ses intérêts et principes fondamentaux et déployer de vrai dialogue multilatéral ».

Il est vrai que le COVID-19 venue étaler sur la place publique les divergences persistantes entre Europe-USA. On pourrait dire que l’alliance n’est plus de connaître sa fin. C’est en tout cas ce que l’on ressent dans l’opinion publique. Selon le dernier sondage d’opinion publié par la Commision européenne pour les relations extérieures (ECFR), la plupart des Européens interrogés disent avoir des avis négatifs sur les Etats-Unis. Les analyses des politologues Susi Dennison et Pawel Zerka montrent que la confiance en Etats-Unis est déjà « rompue » et que le soutien accordé à l’alliance trans-atlantique est « vidé ». 

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